Comme Rennes et ses Tombées de la nuit, Carhaix et ses Vieilles charrues, Vannes et son jazz, ou encore Lorient et ses dix journées de folie interceltique, le pays de Redon était en passe, lui aussi, d'avoir son grand festival estival. Le rendez-vous intitulé « La vielle à roue dans tous ses états » aurait duré toute une semaine, du samedi 21 au dimanche 29 août, à Redon bien évidemment, mais aussi à Rieux, Fégréac, Saint-Vincent-sur-Oust, Allaire, et Saint-Nicolas-de-Redon. Au programme : de très nombreux stages (payants) d'initiation à la vielle à roue, instrument millénaire connaissant un regain d'intérêt dans la région, ainsi que pléthore de concerts proposés par des musiciens venus de Bretagne, de Grande-Bretagne, d'Andalousie, de Hongrie, de la Réunion, de Provence, d'Italie, d'Allemagne, et même du Japon.

Un programme très ambitieux de près de 230 000 € qui, malheureusement, restera à l'état de rêve, par manque de financements. La décision est tombée il y a quelques jours seulement. « C'est désolant, démoralisant même, explique Mireille Avril, porteuse du projet, qui a oeuvré dessus durant plus d'une année, bénévolement. Nous avions un partenariat avec l'École nationale de musique, le Théâtre du pays de Redon et le Groupement culturel. Les musiciens étaient motivés. Ils avaient même travaillé ensemble en février. Je trouvais que c'était très bien pour Redon, pour son image de marque. Dommage, d'autant que les années suivantes, nous aurions pu proposer un autre thème : la bombarde, l'accordéon... Proposer ce festival ailleurs ? Pourquoi pas, mais j'avoue que je n'y ai pas encore pensé. Cette décision négative m'a fait quelque chose ! »

La Ville de Redon préférait, de son côté, que la toile soit réduite, du moins pour la première fois. « C'est le serpent qui se mord la queue, explique Gilbert Hervieux, le président du Groupement. Tout le monde attendait que l'autre bouge pour s'engager. Nous au Groupement, on ne pouvait raisonnablement pas se lancer seul dans cette aventure. On a déjà l'école de musique traditionnelle et la Bogue. On équilibre nos comptes, mais c'est toujours très juste. »

Reste que ce festival tué dans l'oeuf amène une question. À la fin du mois de novembre, la Ville recevait du conseil général, au titre du contrat de ville, une enveloppe de 600 000 € (1). Jean-Michel Bollé, maire de Redon, annonçait alors que cette « manne » allait, notamment, donner corps à « une politique d'animation culturelle plus offensive que celle que nous avons eue jusqu'ici. Je pense aux expositions, mais aussi aux animations d'été et de fin d'année dans la ville. » Cet argent providentiel n'aurait-il pas pu servir, en partie, à soutenir « La vielle à roue dans tous ses états » ? Redon et son pays en auraient, très certainement, tiré quelques bénéfices.