AFFAIRE de la BOUÈZE par Daniel THENADEY le 22 juin 2004
ATTENTION, GRAVISSIME !
Daniel THENADEY, directeur de l'Espace Glenmor, de Carhaix, roué de coups par les organisateurs de la Fête de " La Bouèze " à Taden (près Dinan) le 30 mai 2004.
Voici les faits : j'ai reçu (pratique courante) en mai dernier au "Glenmor" 2 invitations : une "d'Ici Même Production", un beau carton me conviant à découvrir le nouveau spectacle d'Obrée Alie "Venté so lez saodd", le 30 mai à 20H30 à Taden, dans le cadre de la Fête de La Bouèze. Et une de La Bouèze, par l'intermédiaire de Dastum, pour assister les 29 et 30 mai à ce même Festival. Le jeudi 27 dans l'après-midi (j'ai la preuve), je téléphone du Glenmor pour confirmer ma venue (conformément à la demande du carton), à la permanence de La Bouèze à Rennes ; là on me dit "d'accord, c'est bien noté".
Le groupe "Obrée Alie" m'intéresse , je l'ai déjà vu à La Passerelle de St Brieuc, je veux voir la nouvelle mouture. Si cela me plaît, je peux envisager sa programmation au "Glenmor" "Scène des Musiques Traditionnelles". Comme je l'avais fait pour l'excellent "Pour réjouir la compagnie" des Brou-Hamon-Quimbert, vu à Pontivy lors de la fête de Dastum. Je fais donc mon travail normal de diffuseur et c'est le cœur léger que j'arrive avec ma femme à Taden, heureux de me replonger dans ma culture gallèse d'origine.
A l'entrée, je me présente, je dis "j'ai téléphoné, je suis sur la liste des invités". Et là, COUP DE MASSUE, la personne de l'accueil (femme du président 2003 de La Bouèze) me rétorque : "Ah, non ! Pas vous ! Vous avez déjà fait le coup l'année dernière à Plédéliac" (oui, en effet, crime impardonnable, j'avais osé demander une invitation pour assister au concert d'Hamon-Martin Quartet !!). Je n'en reviens pas, désarçonné ! je sors alors des preuves de mon identité, des documents du "Glenmor". J'insiste, je suis invité par l'artiste, les musiciens (des copains) et la production . Il est important pour eux que j'assiste à leur prestation. Timidement je glisse aussi "je suis co-fondateur de La Bouèze née en 1979 dans le café-animations 'La Kérouézée' à Jugon-les-Lacs, créé par moi".
Rien n'y fait !
On se borne à me regarder méchamment ! Suis-je un extra-terrestre ?
Et je rejoins donc dehors à la buvette ma femme et mes amis musiciens Bernard Subert, Yvon Subert, Pierrick Lemou, Marc Anthony, André Cléro, Laurent Dayot, Natacha Mémeteau qui s'étaient produits dans l'après-midi dans la belle et émouvante formation "TerreNeuvas".
Je fais part à Bernard de mon étonnement et lui demande si l'on peut y retourner tous les deux, et qu'il prouve ainsi que je suis bien celui que je prétends être. Le concert avait commencé et malgré la présence de Bernard Subert, à qui les deux cerbères de l'entrée ont dit qu'ils n 'étaient pas censés savoir qui nous étions, ni lui, qui venait de se produire avec "Terre Neuvas" une heure et demi plus tôt, ni moi. J'ai été bousculé et sorti une deuxième fois, cette fois sans ménagement et j'ai entendu : "tu n'as pas été invité et tu n'as rien à faire là !!!". Outré, scandalisé, et abasourdi devant une telle animosité, nous rejoignons la buvette et nos amis stupéfaits.
A la fin du concert, je m'empresse d'aller chercher Obrée Alie (Bertrand Obrée) et Pierre-Yves Prothais. Je leur explique mon sérieux problème et les guide face aux gens de l'accueil, les organisateurs. Bertrand s'étonne : "C'est dommage que Daniel ne soit pas rentré, il était invité", et repart. Je redemande des explications, un des organisateurs m'envoie à la figure "oui, on sait que tu as téléphoné, mais tu n'as pas à être invité !!". La tension monte, ils refusent de reconnaître leur tort, je deviens pour eux une menace terrible ?? avant le fest-noz . Et soudain trois de ces "gentils animateurs du club La Bouèze" me plaquent au sol, me rouent de coups et me traînent par les pieds et les mains, hors du chapiteau sous les quolibets "va cuver ta cuite ailleurs !", "appelez les gendarmes !!", sous les yeux épouvantés de ma femme et mes amis.
Les gendarmes arrivent. Constatent les faits, ma chemise en lambeaux . dressent un procès-verbal en prenant les noms et adresses des protagonistes. Yvon Subert est mon témoin ! Mes amis, dont Natacha Mémeteau (responsable d'une agence d'artistes "La Compagnie des Neuf Tribus ") insiste bien auprès de l'adjudant pour lui dire combien il était important qu'un diffuseur comme moi devait rentrer ! Ce même adjudant a pu voir (important !) que je n'étais ni bourré, ni shooté, contrairement à ce que laissaient croire les organisateurs (le soir même et les jours suivants). Bernard Subert demande des explications à ceux-ci. Pointe du doigt leur immense "connerie". Un grand merci à lui et aux autres d'avoir été là, témoins de la scène !
Je rentre à la maison : nuit blanche ! J'entends mes côtes craquer, horrible douleur ! radios, médecins . BILAN : 2 côtes cassées (les 8ème et 9ème), plusieurs contusions dans le dos. 15 jours d'ITT (interruption totale de travail) et choc psychologique important ! le mardi suivant, j'appelle pour obtenir des excuses, des explications, le Président de La Bouèze (il n'était pas présent à Taden le dimanche soir) ; il me prend de très haut, d'entrée : "Non, monsieur, je ne comprends pas votre attitude, déjà l'année dernière vous avez fait le même coup ! Je refuse clairement d'entrer dans votre scénario de diffuseurs, de professionnels, de co-fondateur. à vous entendre vous aviez toutes les bonnes raisons de la terre ! Mais VOUS AVEZ TORT, VOUS N'ÉTIEZ PAS INVITE, VOUS DEVIEZ PAYER VOTRE PLACE !!!"
Pas un mot d'excuse, pas un mot de compréhension ! Je suis effondré ! Face à une telle attitude fermée, bloquée (qu'ils ont toujours) je porte plainte le lendemain, à la gendarmerie de Jugon-Les-Lacs. Le dossier est dans les tuyaux avec les preuves de ma bonne foi.
MES COMMENTAIRES
Ceci est gravissime, et je souhaite la plus grande sévérité de la justice envers La Bouèze.
A 2 titres :
1/ Sur le plan de la violence, donc du pénal. Rien n'excuse de tels agissements à mon encontre. Rien ! Je suis cassé physiquement pendant plus d'un mois et cassé moralement ! Je n'étais pas agressif, mais ferme, sûr de mon droit ! Et ni bourré, ni shooté, j'insiste ! Vous êtes nombreux à me connaître depuis 30 ans et vous savez bien que ce n'est vraiment pas "mon truc" !
2/ Sur le plan professionnel : j'étais invité par la production. 2 cartons reçus ! J'avais téléphoné avant ! Je devais rentrer avec le sourire de l'accueil. Point !
REFLEXION
Comment peut-on en arriver là ? Comment une association qui fête ses 25 ans puisse en venir à de telles monstruosités ? Comment une association sensée s'occuper de promotion de la Culture gallèse, du Patrimoine, donc de la "mémoire" puisse renier, occulter son propre passé, sa propre mémoire d'association ? A Taden, c'était les "25 ans" de La Bouèze mais rien, strictement rien ne rappelait son histoire, ses précédentes "Assemblées de La Bouèze". Les Présidents et responsables d'hier : Yves Defrance (fondateur avec moi et Michel Meunier en 1979), Pierrick Cordonnier, Bernard Hommerie . n'avaient même pas été invités ! Déplorable ! Je me souviens de ces assemblées de La Bouèze à Bazouges rassemblant 4000 personnes. J'y étais accueilli à bras ouverts. Vraiment de grands moments de Culture Populaire ! Qu'est-elle devenue aujourd'hui ? 2 jours bien tristes, avec à peine 1000 personnes en tout ! J'ai appelé mes amis Yves, Bernard et Pierrick. Ils me soutiennent ! sont effarés ! jamais un tel accueil ne se serait produit de leur temps.
Le discours des membres de La Bouèze est simple (simpliste !). Ils font bloc autour de leur certitude : "Nous on fait une petite fête, on est des amateurs, on ne veut pas rentrer dans le monde du spectacle professionnel, dans le monde des diffuseurs avec ses habitudes, son fonctionnement. Daniel Thénadey, on ne le connaît pas ; s'il veut venir, il doit payer sa place ! Nous, on ne veut pas s'emmerder et être emmerdés avec ses problèmes d'invitation !"
OUI ! Sauf que ce festival (sans licence d'entrepreneur de spectacle, il faut le souligner) fait venir un concert professionnel -"Obrée Alie"- avec une production derrière. Il doit donc se conformer à certaines règles qui figurent dans le contrat (entre autres de laisser 15 ou 20 invitations à la liberté du Producteur et de l'Artiste).
OUI ! Sauf que ce festival reçoit des subventions publiques (Région, Conseils Généraux 22, 35 .). Pas pour longtemps ? Ca craint pour 2005 ?
Le cas est grave , La Bouèze devrait être heureuse de pouvoir faire connaître, diffuser (grâce à des gens comme moi, et on n'est pas nombreux !) la Culture gallèse, ses artistes, ses créateurs. De faire en sorte que cette Culture soit montrée sur d'autres scènes, des grandes scènes partout en Bretagne et ailleurs (voir à ce sujet, ça tombe à pic ! le dernier numéro de MusiqueBretonne "Quels espaces d'expression pour le trad. ?" avec 3 pages sur ma pomme ! Je conseille cette lecture aux gens de La Bouèze !). Mais c'est tout le contraire : l'enfermement, le repli sur soi ! Comment peut-on tomber si bas dans la médiocrité ? la Bouèze serait-elle confisquée par quelques personnes auto-proclamées détentrices du savoir-faire gallo et de la grande vérité du peuple à tout jamais figés dans un 19ème siècle. Vivant sa vie le plus loin possible de tout débat, de toute démarche artistique, de tout esprit créatif ? La Bouèze se limiterait-elle simplement à des cours d'accordéon ou violon jalousement gardés par des "musiciens" détenteurs de la bonne parole musicale ?
Il y a lieu de s'interroger sur le pouvoir de ces bénévoles, de ces salariés profs d'instruments, de ce manque d'ouverture, de cet esprit de "petits chefs". tout cela sent la perte de sens, la perte d'ÂME. La technocratie au détriment de l'artistique ! la médiocrité au détriment du respect d'un peuple !
L' AMATEURISME FOLKLORIQUE TRIOMPHANT, sûr de lui, haineux et jaloux envers la modernité, envers le professionnalisme (ces professionnels, vous pensez ! qui bouffent la paille des autres ; ces musiciens qui osent gagner leur vie en jouant du Traditionnel ! Scandaleux !).
Ce qui m'arrive est d'autant plus choquant pour moi car j'ai donné beaucoup pour la Culture gallèse dans les années 70 et 80 (je suis de Bonnemain, près de Dol). Collectage, apprentissage de la danse (terroirs nord-gallos), du diatonique, organisation de nombreux bals gallos, etc .. Fondateur de la Pétrelle (qui a financé le premier disque de La Bouèze "Violon traditionnel en Haute-Bretagne" d'Yves Defrance), trésorier des Amis du parler gallo. J'en passe. Puis il y a eu les créations de mes cafés culturels, restés mythiques dans l'histoire de la musique en Bretagne "La Kérouézée" à Jugon, "Ar Seizh Avel" à Prat en Trégor. Ensuite Les Arcs à Quéven (15 ans), haut lieu unique en hexagone du jazz et de la création bretonne. Enfin l'Espace Glenmor à Carhaix maintenant !
Bref, 35 ans de ma vie au service de l'Art, de la Culture, de la Culture bretonne, des musiques du monde, du jazz . Dans le souci de l'exigence artistique, du respect profond pour les artistes, le public, le sens de l'accueil, ça a été toujours mon obsession ! 35 ans ! Et j'y ai mis toutes mes tripes ! Et de tous les combats et manifs pour le développement culturel et le respect du statut des professions du spectacle vivant (l'intermittence !)
Alors Oui ! Je suis profondément attristé par cette violence à mon égard, mais qui rejaillit sur toute la profession, directeurs de théâtre, salles de spectacles que je représentais ce soir-là !
Une violence dirigée évidemment aussi indirectement contre les artistes car on me l'a fait comprendre "On se fout pas mal qu'Obrée Alie soit diffusé ailleurs, sur une grande scène, c'est pas notre truc !"
Cet incident majeur est très révélateur du gouffre (du conflit, ou fracture) entre - bénévoles / amateurs - et professionnels - de l'état d'esprit fréquemment relevé dans le monde du Trad.
Il est latent et explosera à nouveau si nous n'y prenons pas garde !
Oui vraiment, il y a des gens qui n'ont RIEN A FAIRE dans le monde culturel.
Rien ! Il faut que le débat s'instaure le plus largement possible sur certains thèmes, je propose :
- Quelle Culture bretonne voulons-nous ?
- Amateurs, professionnels ! Comment vivre ensemble ?
- Quel sens donner à la musique traditionnelle dans la société d'aujourd'hui ?
J'exerce un beau métier, il est de diffuser donc de montrer, faire découvrir au plus grand nombre des œuvres, dans le respect de la diversité. Nous vivons des moments difficiles pour l'Art :
- généralisation du grand commerce
- uniformisation culturelle, à l'échelle mondiale
- remise en cause du statut social de la population "spectacle vivant"
- excès du travail au noir "amateur"
- diminution importante des subventions publiques à la Culture
- nivellement général par le bas
- désintérêt des "politiques" pour l'Art, l'action culturelle et aussi la culture populaire
Merci de me soutenir pour ce procès qui s'annonce.
Merci de m'envoyer vos témoignages de sympathie.
Merci de diffuser le plus largement possible ce texte. C'est IMPORTANT !
Au moment où le monde du spectacle à de plus en plus de mal à vivre, certains s'octroient le droit de refuser l'entrée à un diffuseur et de lui "casser la gueule" !
A méditer ! calmement, mais fermement !
La culture bretonne doit être capable de faire sa propre auto-critique ! Ecrivez ce que vous pensez à La Bouèze !
J'ai déjà le soutien de nombreux hommes politiques, syndicalistes, artistes, musiciens, directeurs de structures.
Daniel THENADEY
22 juin 2004
LA BOUEZE
Ferme des gallets
26 avenue Pierre Donzelot
35700 Rennes
Tél : 02 23 20 59 14
Fax : 02 23 20 59 49
Courriel : la.boueze at wanadoo.fr
Daniel THENADEY
Bourg de Lescouet
22270 Jugon Les Lacs
Tel & Fax : 02 96 31 67 05.
Mobile : 06 07 69 44 91
Courriel : Glenmor at wanadoo.fr
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