Lira Tedesca par Filipo BONANNI

Cette image est extraite d'une série de 152 planches gravées par le Romain (et jésuite)   Filipo BONANNI (né en 1658) intitulée "Gabinetto Armonico". Les gravures de cette suite montrent des représentations de personnages et instruments souvent un peu raides et naïves. Elles présentent aussi de nombreuses aberrations scientifiques et impossibilité physiques, qui viennent d'observations erronées, ce qui s'accompagne d'une certaine imagination et d'idées reçues, lesquelles pour nous, en fait, ne sont pas complètement dénuées d'intérêt, et sont parfois, pour le moins, plutôt amusante. Elles dénotent quand même de l'esprit encyclopédique de ce siècle des lumières,  cad une ouverture intellectuelle a vouloir cataloguer sans hiérarchie et montrer tout ce qui pouvait être connu, sans discernement de lieu et de culture.  Elle met en scène ici aussi bien des musiciens européens qu'extra européens. A cette époque, a la cour royale de France c'est l'Age d'or de la vielle.

A analyser cette gravure on peut remarquer

• les pieds nus de la musicienne.
  Dans l'ensemble de la suite de Filipo BONANNI les pieds nus sont connotés pour les catégories de musiciens suivants:  
  • enfants
  • bergers
  • personnages de la mythologie
  • personnages de peuples "exotiques" (Afrique, Chine)
  • personnages itinérants et "bohémiens"

• Des "fautes" de dessin (probablement de mémoire à partir d'observations incomplètes)
  • roue disproportionnée et non alignée avec l'axe de la manivelle
  • de plus cette roue est trop près du "talon" de l'instrument
  • l'absence de "tête"
  • l'absence de cordier
  • l'absence d'ouïes
    Un luthier qui ferait une reconstitution fidèle de cet instrument ne pourrait aboutir à un modèle "jouable".

• Par ailleurs
  • absence de baudrier de suspension - on se demande comment cet vielle est maintenue par la personne, il est vrai que sa main gauche n'est pas occupée à jouer une mélodie.
  • La forme de la poigne et la position de la main droite ne convient pas a un jeu de vielle, même sans coup de poignet.
  • Le graveur semble avoir eu des difficultés a représenter le "S" de cette poignée - on devine un "repentir" (au-dessus de la main droite, au niveau de la ceinture de la vielleuse)

• Toutefois on constate
  • La joueuse parait montrer une certaine aisance et la position de jeu est vraisemblable
  • La vielle possède un nombre de quatre cordes et de chevilles en correspondance.
  • Une absence de chien, ce qui est possible.
  • L'absence de clavier - d'ailleurs la main gauche se pose ou elle peut - une vielle qui ne jouerait que des bourdons n'est pas invraisemblable mais on ne connaît pas d'autres exemples pour cette époque - cela correspondrait plutôt a un accompagnement du chant,
    mais ici si la vielleuse est en position de jeu, sa bouche est bien close.
  • La forme de sa vielle est rare mais a quelque fois été représentée à la même époque
    Notamment a la page 212 de l'Harmonie Universelle de M.Mersenne, qui a grave une vielle avec un clavier diatonique, quatre cordes également, pas de chien.

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• 1716, Rome, première édition
• 1723, Rome, seconde édition
• 1776, Paris, édition traduite en français
• 1964, Toronto, Dover Publications Inc., fac-similé de 1723, nouveaux commentaires en anglais   
  

Ecrit par zimzim, le Lundi 8 Décembre 2003, 15:13 dans la rubrique "Muséo".

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