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Disparition de Polig MONTJARRET le 08/12/2003

est  mort le lundi 8 décembre 2003 près de Lorient.

Créateurs de la BAS (assemblée de sonneur) en 1943, il en fut secrétaire général pendant 20 ans, puis président pendant également 20 ans.
Un des principaux initiateurs des bagadou (1948) et de l'introduction massive de la cornemuse écossaise (hightland bag pipe ou biniou-bras) en Bretagne.
Il avait reconnu, à l'égal du , la , la , l'accordéon chromatique (avec les gavottes chromatiques "swing" d'Yves Menez)  mais non la vielle.                        
D’après lui le "tampon" Haute-Bretagne (Pays des Marches et Pays Gallo)  a "filtré" les apports extérieurs (musique, langue et usages) à la Basse Bretagne.
Ce qui permet d'expliquer son ignorance de la vielle. Du moins de la vielle en Pays de Saint-Brieuc. La vielle : Instrument "tampon" ? Selon ce raisonnement il n'aurait pourtant pas du ignorer la présence de la vielle en Trégor (selon une tradition de trio Biniou Bombarde et Vielle qui aurait été interrompue par l'arrivée de la clarinette). Présence signalée par Boucher de Perthes (1831) et par un journal de Morlaix (1830). (Il est fort possible qu'à cette époque la venait tout juste de faire son apparition, sous sa forme actuelle, à l'octave de la bombarde). Cf les
  sans doute pensait-il que la forte présence du bag pipe en défilé pouvait en faire un emblème de la musique bretonne et de la Bretagne entière. Belle clairvoyance.
Il est vrai  que de doute façon la vielle n'aurait pu faire l'affaire. Elle avait déjà été choisie, depuis bien plus longtemps (1888), par les pour un semblable but identitaire et 
dans la même forme de représentation. Alors qu'en cette fin du 19eme siècle la vielle n'était pas plus implantée en Berry qu'en Penthièvre. Il y a des chiffres a l'appui. Les représentants de ces groupes folkloriques assuraient une bonne part de présence a Paris. On ne peut nier non plus l'existence du très important centre de lutherie de vielle populaire a , depuis le nouveau régime. (Lequel centre fournissait également la Bretagne).
Avec la disparition de , cette figure essentielle de la culture bretonne
une page importante de la musique est maintenant tournée. Espérons que les institutions musicales en Bretagne disposent de la même intelligence, de l'énergie et des moyens nécessaires pour aller encore de l'avant et qu'elles intègrent l'idée d'une possible vielle bretonne.
Les exemples ne sont plus à donner mais à multiplier.
La vielle a les moyens de se "bretonnifier" autant comme instrument concertant que pour faire danser ou accompagner le chant. 
N'oublions pas que contrairement aux idées communes les instruments bretons sont des instruments importés. La harpe existait dans l'Egypte des pharaons. La cornemuse dans la Rome de Néron. La bombarde est un hautbois ramené des croisades. Le violon, d'origine orientale, est de conception actuelle italienne. L’accordéon, allemand, est arrivé il y a un siècle. Quant aux guitares, et percussions diverses, ils ne sont vraiment pratiqués que depuis une trentaine d'années.
Tous ces instruments qui représentent la Bretagne sans qu'on se pose de questions chantent breton parce qu'ils ont appris à en parler la langue. La vielle en a les possibilités. Elle est même, peut être, la plus polyglotte d'entre eux, ayant depuis le 11eme siècle roulé sa bosse dans tous les milieux sociaux presque partout en Europe. La barre des possibles avec elle n'a jamais été placée aussi haut. Avec des techniques de jeux comme celles mises au point par quelque uns comme ou et des innovations incroyables dues au savoir-faire de nombreux luthiers.

Et pourtant...
Depuis on a appris coup sur coup que le Festival de était et le festival de en cet été 2004 . Parce que les politiques et décideurs a qui les électeurs ont a confie les chéquiers des finances publiques se sont certainement découvertune fois  encore, d'autres priorités que la culture d'origine populaire. 
Une fois de plus on constate que ce genre de personnes a toujours de bonnes raisons (quand elles condescendent à en donner) pour ne pas tenir leurs promesses, et le profond mépris qu'elles affichent à l'égard de passionnés qui ici ont travaillé bénévolement depuis de nombreux mois a la préparation de ce festival. Cela aurait été également et enfin une récompense pour tous ceux qui ont on œuvré en amont pour la reconnaissance de la vielle bretonne. Pour ceux qui ont tente la création de confréries de vielleux. Pour le travail de recherche scientifique dans les archives par .
Pour l'équipe qui a fait un énorme travail de recherche sur le terrain ayant abouti a l'édition du double 33t . Pour les musiciens et groupes qui depuis, ont continué à pratiquer la vielle bretonne, en dépit de l'idée fausse, toujours perpétuée, qu'elle n'est pas un instrument breton.

On compatit à la déception de tous et on partage leur amertume.
La vielle va manquer ce qui aurait marqué son entrée en beauté dans le monde de la musique bretonne en ce nouveau millénaire. Cet évènement aurait suscité indubitablement des envies et des vocations. Les amateurs éclairés, il y en a, auraient conflué, certains depuis fort loin dans une région dont ils se seraient souvenus longtemps en raison de cette occasion de découvertes et d'échanges fructueux. 
La Bretagne va manquer un évènement culturel prestigieux unique et international.  Qui se fera peut être plus tard ou ailleurs. Ca ne sera pas la même chose. De toute façon un rendez-vous manqué.


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Ecrit par zimzim, le Mardi 23 Décembre 2003, 17:40 dans la rubrique "Edito".

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