Le Château de Saint-Chartier par Georges SAND
[...] nous allions à la messe tous les dimanches [...] et nous portions notre déjeuner, pour le manger après la messe, dans le vieux château de Saint Chartier qui touche à l’église. Ce château était gardé par une vieille femme qui nous recevait dans les vastes salles abandonnées du vieux manoir, et ma mère prenait plaisir à y passer une partie de la journée. Ce qui me frappait le plus, c’était l’apparence fantastique de la vieille femme, qui était pourtant une véritable paysanne, mais qui ne tenait aucun compte des dimanches, et filait sa quenouille ce jour-là avec autant d’activité que dans la semaine, bien que l’observation du chômage soit une des plus rigoureuses habitudes du paysan de la vallée Noire. Cette vieille avait-elle servi quelque seigneur de village voltairien et philosophe ? Je ne sais. J’ai oublié son nom, mais non l’aspect imposant du château tel qu’il a été encore plusieurs années après cette époque. C’était un redoutable manoir, bien entier et très habitable, quoique dégarni de meubles. Il y avait des salles immenses, des cheminées colossales et des oubliettes que je me rappelle parfaitement. Ce château est célèbre dans l’histoire du pays. Il était le plus fort de la province, et longtemps il servit de résidence aux princes du pays du bas Berry. Il a été assiégé par Philippe-Auguste en personne, et plus tard il fut encore occupé par les Anglais et repris sur eux à l’époque des guerres de Charles VII C’est un grand carré flanqué de quatre tours énormes. Le propriétaire, lassé de l’entretenir, voulut l’abattre pour vendre les matériaux. On réussit à enlever la charpente et à effondrer toutes les cloisons et murailles intérieures. Mais on ne put entamer les tours bâties en ciment romain, et les cheminées furent impossibles à déraciner. Elles sont encore debout, élevant leurs longs tuyaux à quarante pieds dans les airs, sans que jamais, depuis trente ans, la tempête ou la gelée en ait détaché une seule brique. En somme, c’est une ruine magnifique et qui bravera le temps et les hommes pendant bien des siècles encore. La base est de construction romaine, le corps de l’édifice est des premiers temps de la féodalité.
C’était un voyage alors que d’aller à Saint Chartier. Les chemins étaient impraticables pendant neuf mois de l’année. Il fallait aller par les sentiers des prairies, ou se risquer avec le pauvre âne, qui resta plus d’une fois planté dans la glaise avec son fardeau. Aujourd’hui une route superbe bordée de beaux arbres, nous y mène en un quart d’heure. Mais le château me faisait une bien plus vive impression alors qu’il fallait plus de peine pour y arriver.
George Sand in "Histoire de ma vie" p.279
éd. de Paris : Calmann-Lévy, 1879 [Rédaction commencée en 1847],
Le texte complet libre de droits est trouvable sur le Site de la BNF)
< http://gallica.bnf.fr/ >
Ecrit par zimzim, le Mardi 22 Juin 2004, 12:28 dans la rubrique "Docs".
Commentaires
M.Muriel
05-04-09 à 16:48
bonjour,
moi j'habite saint-chartier et pour etre franche je ne suis jamais rentrer dans ce chateau et j'aurait bien voulu y rentrer pour pouvoir le visiter!!mais bon ca va petre pourvoir se faire lorsqu'il se visiteras vu qu'il a été vendu a un espagnole et quil veut un faire un monument visitable!!bon je vous laisse!a bientot
au revoir
Muriel
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Re:
Visiteur
27-06-13 à 23:19
George Sand, sans s à Georges. Veuillez corriger, svp !
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Re:
Autre visiteur :-)
25-11-20 à 19:32
...Ne serait-il pas temps d'enfin corriger la grosse faute d'orthographe dans le prénom de George Sand que quelqu'un a déjà signalé ici...
Il y a sept ans !!!...
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