Pour moi, la musique bretonne n'est pas celtique au sens que l'on accorde en général à la musique traditionnelle d'Irlande et des Hébrides, quant aux rythmes des danses, des mélodies chantées (sean noz par exemple), de la tessiture, de la construction mélodique et de l'interprétation du phrasé. La musique bretonne est autre chose, ce qui n'enlève rien à sa valeur. Pour moi, elle est une survivance de la musique médiévale de l'Europe occidentale. Elle en a conservé les huit modes du plain-chant (quand l'Europe elle-même n'en a gardé que le majeur et le mineur) sans oublier les gammes détectives, voire certains modes sémitiques. Elle n'a pas subi d'autre influence, ou alors au siècle dernier, donc tardivement, et sans l'affecter vraiment. Nous avons la chance de posséder intacte une musique de quinze siècles, peut-être plus. Alors, qu'on la veuille celtique, pourquoi pas si ça fait plaisir à certains ! [...]
Quoi qu'il en soit, je suis citoyen français mais me sens celte parce que breton, exclusivement breton. Serais-je breton et citoyen patagon ou toungouze que je serais quand même breton, et pas autre chose, ce qui ne signifie pas pour autant qu'il faille accorder à la musique bretonne un quelconque caractère irlandais ; nous n'avons en commun que la gamme pentatonique, et encore !

Polig Montjarret

Propos recueillis par Hoel Louarn
Revue Musique Bretonne n° 158 Janvier/Février 2000
Extrait de http://www.rozaroun.com.fr/repertoire.htm

En désaccord avec les idées généralement reçues sur l'origine de la musique, j'avais commencé a élaborer une ingénieuse théorie qui expliquait la naissance primordiale par le souci d'imiter la marche des animaux ou le chant des oiseaux.
Si nous tenions compte du fait que les premières représentation de rennes et de bisons, peints sur les murs des cavernes, étaient dues à une ruse magique de chasse - s'emparer de la proie par la possession préalable de son image - je n'étais pas loin de la vérité en pensant que les rythmes élémentaires étaient ceux du trot, du galop, du saut, du gazouillis et de la trille, cherchés par la main sur un corps sonore, ou avec le souffle dans le creux des joncs.

LE PARTAGE DES EAUX, Ed. Gallimard, 1956